Le vin est-il végane par nature ? Spoiler : non, pas toujours !

20 avril 2025

Pour bien comprendre le sujet, il faut se pencher sur le processus de vinification. Produire du vin, c’est pas seulement cueillir des raisins et les presser joyeusement. C’est un processus bien plus complexe qui inclut des étapes assez… chimiques. Et c’est souvent ici que le bât blesse pour les végans.

Un des points sensibles ? Le collage. Cette opération, réalisée après la fermentation, vise à clarifier le vin. Autrement dit, on veut qu’il soit limpide, sans particules indésirables qui rendraient votre beau verre de chardonnay trouble comme une brume de matin d’hiver. Et, pour ça, certains vignerons utilisent des agents clarifiants d’origine animale. Oui, animale.

Mais quels ingrédients animaux, exactement ?

  • La colle de poisson (aussi appelée ichtyocolle) : extraite de vessies natatoires de poissons, elle est utilisée pour ses propriétés clarifiantes ultra efficaces.
  • La gélatine : un produit d’origine animale issu des os et des cartilages, elle aide à éliminer les impuretés du vin.
  • Les blancs d’œufs : oui, oui, ils servent à « purifier » certains vins rouges en éliminant les tanins en excès.
  • La caséine : une protéine du lait souvent utilisée dans les vins blancs pour corriger certaines teintes jaunâtres et obtenir une belle robe bien claire.

Ces techniques ne sont pas nouvelles, elles datent de plusieurs siècles. Avant que les alternatives végétales plus modernes soient développées, ces agents faisaient partie des standards de la vinification.

Bonne nouvelle : aujourd’hui, grâce à une prise de conscience éthique et environnementale, de nombreux vignerons ont fait évoluer leurs pratiques. Terminée la vessie de poisson, place aux alternatives végétales ou minérales. Parmi elles :

  • La bentonite, une argile naturelle très prisée pour clarifier les vins blancs et rosés.
  • Les protéines de pois ou de pomme de terre pour remplacer la gélatine ou les blancs d’œufs.
  • Le charbon actif, utilisé pour certaines corrections spécifiques.

Ces options permettent de produire des vins tout aussi magnifiques, sans perdre en qualité. Parce qu’après tout, un vin n’a pas besoin d’être « animalisé » pour briller. Et si certains puristes pensent encore le contraire, la science et les papilles prouvent le contraire.

Vous vous demandez peut-être : « Mais pourquoi ne trouve-t-on pas une jolie pastille “végane” sur mes bouteilles ? ». Bonne question. En fait, la réglementation autour des produits végans dans le vin est encore un vaste champ de bataille.

S’il existe des labels comme « Certified Vegan » ou « EVE Vegan » (notamment en France), tous les domaines ne s’y intéressent pas encore. Les raisons sont multiples :

  1. La méconnaissance : certains vignerons travaillent déjà sans produits animaux mais ignorent que leurs vins sont végans.
  2. Le coût des certifications : les labels ont un prix, ce qui peut freiner certains petits producteurs déjà sur des marges serrées.
  3. Le manque de demande locale : dans certaines régions, le grand public ne pose pas encore la question – ce qui dissuade les domaines d’investir dans une telle démarche marketing.

Pour les consommateurs, cela signifie qu’il faut parfois jouer aux détectives : lire entre les lignes, poser des questions, ou se fier à des sites ou applications dédiées comme Barnivore, qui répertorie les vins végans à travers le monde.

« Bon, ok, pas tous les vins sont végans… mais au moins les vins bio le sont, non ? ». Eh bien, pas forcément. Bien que les vins biologiques excluent les produits chimiques de synthèse et favorisent une viticulture plus respectueuse de l’environnement, cela ne garantit rien côté véganisme. Un vin bio peut très bien être collé à la caséine ou à l’ichtyocolle. En revanche, les vins certifiés « Nature & Progrès » ou biodynamiques ont souvent une approche plus respectueuse du vivant, ce qui peut inclure une absence de produits animaux. Là encore, renseignez-vous auprès du domaine pour en être sûr.

Le vin végane, ce n’est pas qu’une affaire d’éthique ou de principe. Derrière ce choix se cachent aussi d’autres bénéfices :

  • Respect du vivant : en évitant les produits animaux, on réduit la souffrance et l’exploitation sur toute la chaîne.
  • Moins d’allergènes : exit la caséine pour les intolérants aux protéines du lait ou à l’ovalbumine (protéine des œufs).
  • Une cohérence éthique : pour les végans, boire un vin 100 % végétal s’inscrit dans leur philosophie.

Et c’est aussi un moyen de soutenir une filière d’avenir. Car en poussant les producteurs à adopter ces alternatives, on les encourage à s’engager vers plus de transparence et de durabilité.

Alors, le vin est-il végane par défaut ? Vous aurez compris que non. Entre les méthodes de collage traditionnelles et la diversité des pratiques viticoles, tous les vins ne sont pas exempts de produits d’origine animale. Mais, à l’heure où de plus en plus de domaines adoptent des procédés végans, il devient plus facile que jamais de boire du vin sans culpabilité (au moins sur cet aspect-là, hein).

Avant de dégainer une bouteille, prenez l’habitude de lire les étiquettes, de poser des questions aux cavistes ou de faire appel à des ressources comme Barnivore. Le vin végane, c’est un petit effort pour un grand pas vers des découvertes gustatives éthiques et savoureuses. Alors, prêts à trinquer pour une viticulture plus respectueuse du vivant ? Santé !