Le collage dans le vin : pourquoi certains agents ne sont pas compatibles avec le véganisme

25 février 2025

D’abord, mettons les choses au clair : qu’est-ce que le collage au juste ? Durant la fermentation et l’élevage du vin, des particules indésirables peuvent se retrouver en suspension dans la cuve. Cela inclut des restes de levures, des protéines instables, des tannins trop agressifs ou d’autres petits fragments naturels issus du raisin.

Le collage, donc, consiste à clarifier le vin en utilisant une substance (appelée “agent de collage”) pour agglomérer ces impuretés. Une fois ces dernières liées à l’agent de collage, elles tombent au fond de la cuve et peuvent être éliminées. Le but ? Obtenir un vin plus limpide, plus stable et souvent jugé plus “élégant” sur le plan gustatif.

Jusqu’ici, tout va bien. Mais c’est quand on regarde de plus près la composition de ces agents de collage que la question éthique surgit...

Eh oui, voilà le hic : de nombreux agents de collage utilisés dans l’industrie viticole traditionnelle sont issus d’animaux. Et certains pourraient même vous surprendre par leur origine. Voici les principaux agents incriminés :

  • La caséine : une protéine issue du lait. Oui, cela signifie que certains vins passent littéralement par un dérivé laitier pour être clarifiés.
  • La gélatine : obtenue à partir de sous-produits animaux (peaux, os ou cartilages). Pas très glamour, n’est-ce pas ?
  • Les colles de poisson : souvent fabriquées à partir de vessies natatoires de poissons (notamment l’esturgeon). Cette méthode est courante pour les vins blancs et rosés.
  • Le blanc d’œuf : utilisé pour clarifier principalement les vins rouges. Traditionnellement, les producteurs du Bordelais en sont friands.

Alors pourquoi ces produits spécifiques ? Parce qu’ils sont très efficaces pour éliminer les particules indésirables et pour adoucir les tannins des vins jeunes. Pendant des siècles, les vignerons ont utilisé ces méthodes sans se poser trop de questions : pour eux, c’était juste une tradition. Mais on sait aujourd’hui qu’il existe des alternatives.

Certain·e·s pourraient se dire : “OK, ces agents sont utilisés, mais dans le produit final, il n’en reste plus une trace. Alors où est le problème ?”. C’est vrai sur le plan purement scientifique : les agents de collage se lient aux impuretés puis sont éliminés avec elles par filtration ou sédimentation. Théoriquement, aucune molécule d’origine animale ne reste dans le vin final.

Mais voilà où le bât blesse : pour un·e végan, il ne s’agit pas uniquement d’éliminer les produits animaux dans l’assiette ou le verre. Il s’agit aussi d’exclure toute forme d’exploitation animale dans les processus de fabrication. Même si la caséine ne “reste” pas dans votre verre de Chardonnay, le simple fait qu’un produit laitier ait été utilisé pour le produire pose problème. Même chose pour les colles de poisson ou le blanc d’œuf.

C’est une question de cohérence et de respect des principes : aucun animal, qu’il soit à nageoires, à plumes ou à poils, ne devrait être impliqué dans la production d’un produit végan.

Bonne nouvelle pour les amateurs de vin : il est tout à fait possible de clarifier un vin sans avoir recours aux produits d’origine animale. De nombreuses alternatives végans existent, et elles permettent d’obtenir des résultats tout aussi performants.

  • La bentonite : une argile naturelle, très efficace pour stabiliser les protéines indésirables, notamment dans les vins blancs.
  • Les protéines végétales : issues, par exemple, du pois ou de la pomme de terre. Elles fonctionnent parfaitement bien pour remplacer la caséine ou le blanc d’œuf.
  • Les polysaccharides d’extraction : notamment produits à partir de levures ou de végétaux, qui renforcent la stabilité et la clarté du vin.
  • L’isolation mécanique : certaines techniques modernes de filtration permettent d’éviter complètement l’utilisation d’un agent de collage.

Certains vignerons engagés choisissent même de ne pas coller du tout. Ils laissent le vin s’éclaircir naturellement avec le temps ou acceptent qu’il reste légèrement trouble, privilégiant l’authenticité au détriment d’une parfaite limpidité dans le verre.

Vous êtes convaincu·e et souhaitez passer aux vins végans, mais vous ne savez pas par où commencer ? Voici quelques pistes pour ne pas vous perdre :

  • Repérez les labels : De plus en plus de vins végans arborent des certifications spécifiques, comme le logo “V-label” ou “EVE Vegan”.
  • Lisez les étiquettes : Certains vignerons indiquent clairement sur la contre-étiquette que leur vin est “vegan-friendly”.
  • Renseignez-vous auprès du domaine : Si un vin vous intrigue, n’hésitez pas à contacter directement le producteur pour poser la question. Beaucoup de petits vignerons adorent parler de leurs engagements !

En France, des pionniers comme Château Massiac (en Languedoc) ou le domaine Les Béliers en Alsace mettent en avant des pratiques compatibles avec les standards véganes. Alors, pas d’excuse pour ne pas explorer cette voie éthique et délicieuse !

Choisir des vins végans, c’est plus qu’une simple question de boisson. C’est aussi s’engager pour une consommation respectueuse des animaux et du vivant, sans compromis sur le plaisir. Grâce aux alternatives modernes et à des vignerons engagés, il n’a jamais été aussi simple de savourer des cuvées à la fois éthiques et sublimes.

Alors, pourquoi ne pas ouvrir la prochaine bouteille en ayant la certitude qu’elle respecte autant vos papilles que vos valeurs ? Santé !