Vin naturel : vers une vinification plus respectueuse des animaux ?

9 avril 2025

Avant de parler du vin naturel, éclaircissons la question des produits d’origine animale dans le monde du vin conventionnel. Eh oui, tous les vins ne sont pas végans, et ce n’est pas toujours évident de l’imaginer. Mais comment ces produits se retrouvent-ils dans nos bouteilles de chardonnay ou de syrah ?

La clarification : l’usage des substances animales

L’étape incriminée, c’est principalement celle de la clarification, aussi appelée « collage ». Pour avoir un vin limpide et attirant, dépourvu de particules en suspension, les vignerons utilisent des agents clarifiants. Parmi ces substances, on trouve :

  • L’albumine d’œuf, issue du blanc d’œuf, utilisée pour clarifier certains vins rouges.
  • La caséine, une protéine issue du lait, employée pour réduire l’amertume et éliminer les tanins excessifs.
  • La colle de poisson, obtenue à partir de vessie natatoire de poisson (!), notamment utilisée pour clarifier les vins blancs.
  • La gélatine, dérivée de peau ou d’os d’animaux, pour éliminer les particules en suspension.
  • Et parfois même du sang animal (heureusement interdit en Europe depuis la crise de la vache folle).

Ces agents de collage se lient aux particules du vin et sont ensuite retirés avant la mise en bouteille. Mais devinez quoi ? Ces procédés, bien qu’efficaces, posent un problème majeur pour les amateurs de vin végane. Et c’est là que le vin naturel entre en scène.

Le vin naturel, c’est un peu le rebelle de la famille. Fabriqué à partir de raisins cultivés en bio ou en biodynamie, sans intrants chimiques ni manipulation industrielle, il se veut le plus proche possible du raisin originel. Mais aussi, et c’est ce qui nous intéresse aujourd’hui, il s’affranchit très souvent de l’emploi de produits d’origine animale. Pourquoi ? Regardons de plus près.

Une philosophie plus pure

Le vin naturel, c’est d’abord une histoire de philosophie. Les vignerons qui s’inscrivent dans cette démarche prônent un retour au « vin vrai », sans ajout superflu. En gros : si ce n’est pas absolument nécessaire, on évite. Exit les produits animaux pour clarifier ou stabiliser. À la place, on laisse le vin évoluer naturellement, avec ses particules, ses nuances et parfois… son petit trouble visuel. Oui, un vin un peu trouble, c’est souvent bon signe, car cela témoigne de son absence de filtration intensive.

Des techniques d’alternative

Certaines alternatives véganes aux agents clarifiants traditionnels existent, et plusieurs vignerons naturels les adoptent. Voici quelques exemples :

  • L’argile de bentonite, une roche naturelle très absorbante, idéale pour clarifier les vins blancs et rosés.
  • Les protéines végétales, comme celles tirées des pois ou des pommes de terre, qui aident à la stabilisation.
  • Ou encore… aucun collage ! Beaucoup de vignerons naturels sautent cette étape pour préserver l’intégrité du vin.

D’ailleurs, certains affirment que cette non-intervention donne au vin naturel des arômes plus complexes et une texture plus authentique. Une vraie expérience sensorielle !

Produire un vin sans produits animaux ne concerne pas seulement nos amis à plumes, poils et écailles. Cela s’inscrit dans une approche globale respectueuse de la nature et des écosystèmes.

Un impact limité sur l’élevage industriel

Le recours à des produits comme la caséine ou l’albumine provient directement de l’élevage industriel. Ces pratiques, souvent critiquées pour leurs conditions d’exploitation animale, sont aussi une source de pollution, d’émissions de gaz à effet de serre et de déforestation. En s’en détournant, les vins naturels contribuent indirectement à réduire la demande pour ces produits dérivés.

Une biodiversité respectée

Par ailleurs, la philosophie du vin naturel va main dans la main avec une agriculture biologique ou biodynamique, qui protège les sols et encourage la biodiversité. Une vigne en bio, c’est une vigne où les insectes, oiseaux et autres animaux locaux peuvent coexister sans être exposés à des intrants chimiques. Un cercle vertueux pour tout le vivant.

Pour vous assurer qu’un vin est naturel et végane, il existe aujourd’hui quelques repères, bien que le sujet reste encore technique :

  • Les labels bio ou biodynamie, qui garantissent une culture respectueuse de l’environnement, même si cela ne prouve pas forcément l’absence de produits animaux dans la vinification.
  • Le label Vegan, apposé directement sur certaines bouteilles. Il commence à se démocratiser.
  • Et bien sûr, les mentions comme « non filtré » ou « sans collage », qui sont souvent un indice d’une pratique plus naturelle.

Et si vous avez un doute, une bonne vieille discussion avec votre caviste ou directement avec le vigneron peut aussi lever le voile.

Tout n’est pas parfait, évidemment. Le vin naturel reste une niche comparée au marché global, et trouver des bouteilles véganes peut relever d’un véritable parcours du combattant selon où l’on habite. De plus, certains vignerons, bien que proches des pratiques naturelles, utilisent encore ponctuellement des éléments d’origine animale. Bref, même dans la filière naturelle, il reste du chemin à parcourir pour atteindre un modèle pleinement respectueux des animaux.

Mais malgré tout, il faut reconnaître que ce mouvement change profondément la manière dont nous pensons et consommons le vin. Un pas (et une gorgée) après l’autre.

En conclusion, la réponse est oui : la vinification du vin naturel suit, dans la plupart des cas, des pratiques plus respectueuses des animaux. Elle incarne une philosophie où le respect du vivant, sous toutes ses formes, est au centre. Pour nous, amateurs de vins éthiques, c’est une excellente nouvelle. Alors que vous soyez déjà fan de vin nature ou que vous le découvriez à peine, il y a fort à parier que ces bouteilles chargées de sens continueront de séduire de plus en plus d’adeptes. Et n’oubliez pas : boire du vin naturel, c’est aussi (et surtout !) célébrer la vie. Avec modération… bien sûr !